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Et la sirène se change en poisson *
26 avril 2007

Ce matin le vent se lève, le pollen vole, les

 

    Ce matin le vent se lève, le pollen vole, les jupes frémissent, le monde vit ce jour d’avril comme s’il l’avait déjà vécu.
 La porte claque. Je n’ai pas eu le temps de la rattraper. Tant pis. Le vrombissement assourdissant de la rue me donne mal à la tête. Je mets des écouteurs dans mes oreilles.
 Des talons claquent sur le carrelage. Une femme court, visiblement en retard. Elle prend dans sa main un pan de sa robe, son sac vacille et glisse de son épaule à son coude, elle tourne la tête, continue de courir. Soudain elle s’arrête. Avec elle le temps fait une pause. Elle reprend son souffle. Elle pousse la porte de toutes ses forces, sort de l’immeuble. Un soleil de plomb l’aveugle.
 J’hésite. J’attends sur le trottoir. A ma droite, une ruelle. A ma gauche, un pont. En face de moi, un bâtiment. Derrière, la rue et ses voitures toutes plus rapides les unes que les autres, pressées, toujours pressées, tellement pressées. Je fais un pas en avant vers le bâtiment.
 Un téléphone sonne dans le bus, et tout le monde se regarde. Chacun veut savoir qui est appelé, et vérifier si ce n’est pas son téléphone qui sonne. Finalement c’est un jeune homme qui décroche. Il est discret, et une femme, en face de lui, en est reconnaissante. Il raccroche rapidement. Ses yeux s’embrument. Il appuie sur le bouton rouge pour alerter le chauffeur. Il veut descendre au prochain arrêt. Descendu, il s’assoit sur le banc de l’arrêt de bus, reprend ses esprits. Une femme qui court passe à côté de lui. Distrait, il dit un peu trop fort qu’elle n’a pas la bonne tenue pour rattraper un bus. Elle a entendu, et ne manque pas de lui rappeler qu’elle est au courant de ce détail défavorable. Enervée, elle s’assoit également.
 Je suis entrée. Les murs sont blancs et froids. Un grand escalier se dresse devant moi. Je sens un nœud dans mon ventre. Ce n’était pas une bonne idée. La concierge m’appelle, désirant savoir ce que je cherche là, en plein milieu du hall. Je lui dis que je me suis trompée, et ressors. Un bus passe dans la rue.
 Le jeune homme la félicite de son courage pour avoir couru malgré tout. Elle lui explique qu’elle devait tenter le tout pour le tout, et que maintenant elle sera en retard pour son rendez-vous.
 Je monte dans le bus, quasiment vide. Au bout de quelques arrêts, un jeune homme et une jeune femme montent. Elle s’assoit, il reste debout, près d’elle. Elle râle un peu, ça le fait rire, mais il se contente de la rassurer, elle ne sera pas trop en retard, et elle a prévenu juste avant de monter dans le bus, elle n’aura pas de problème. Et c’est là qu’elle lui apprend que c’est un rendez-vous médical, très important. Le jeune homme pâlit. En quelques secondes, il fond en larmes. Elle s’inquiète, l’interroge. Il dit que sa mère l’a appelé peu de temps avant, pour lui apprendre que sa sœur a eu un très grave accident, elle est dans le coma et les médecins ignorent si elle en sortira, et si oui, dans combien de temps. La jeune femme le prend dans ses bras. Il résiste puis se laisse faire. Un triste sourire s’affiche sur son visage. « Quand vous êtes arrivée à l’arrêt, toute râleuse, j’ai oublié ce coup de fil. Vous m’avez tiré de mes pensées. Et grâce à vous, je suis de nouveau sur le bon chemin pour l’hôpital alors que le choc m’avait mis KO. Je crois que je dois vous dire merci. » 

Quand j’ai entendu le jeune homme, mon cœur s’est certainement arrêté de battre. Sœur. Accident. Coma. Nous allons tous les trois au même endroit, et lui et moi, nous demanderons le même nom à l’accueil du service des urgences.



Je tiens à préciser que c'est totalement fictif.
C'est mon texte d'adieu. Cet article est le dernier.
Je m'en vais sans ailleurs.

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Commentaires
L
Crystall> Merci.<br /> Monsieur S> Merci aussi...<br /> Emma> Ben, en fait je ne continue pas, je ne retrouve plus du tout le même plaisir qu'avant à entretenir un blog. Peut-être que ça reviendra, et dans ce cas là je le ferai savoir, mais j'en doute quand même. Merci d'avoir commenté en tout cas. =)
E
hey tu vas où? tu donneras l'adresse quand meme?
M
Oh. Pas de suite ? Dommage. J'aimais bien ici. Joli texte en tout cas. C'est une jolie fin
C
Dans ce cas, tu ne pouvais pas mieux "finir".<br /> <3
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